Édifié vers 1242 par Gaston VII Moncade, sur un emplacement stratégique, une butte culminant à 100m d’altitude, le Château Moncade incarne aux XIIIe et XIVe siècles la puissance des seigneurs du Béarn. Aujourd’hui encore, son donjon de plus de 30 mètres de haut domine toujours la ville.
Une forteresse médiévale
Gaston VII érige l’essentiel de la fortification selon un plan sophistiqué alliant une tour à éperon à fonction défensive accolée à une salle résidentielle. L’ensemble est alors protégé par une muraille percée d’archères sous niches et bordée par un superbe fossé maçonné. Malgré sa faible superficie, c’est un modèle unique en Béarn qui incarne la richesse et la puissance de son commanditaire.
Trois lignes de fortification encadrent le Château Moncade. Cet ensemble défensif possède l’un des rares fossés parementés existant en France. Ce fossé constitue un exemple exceptionnel d’architecture militaire médiévale. Construit entre le XIIIe siècle et le XIVe siècle, sa structure géométrique originale et sa finition soignée en font un édifice remarquable.
Alors que les fossés des châteaux contemporains ne sont généralement que de simples douves en eau, celui qui entoure la première enceinte du château Moncade préfigure déjà les progrès et les recherches des siècles à venir en matière d’architecture militaire.
L’inclinaison pratiquement verticale des escarpes de même que le soin apporté à l’appareillage des parois du fossé rendaient aux assaillants l’escalade de la contre escarpe très malaisée. Une fois pris dans le piège infernal de ce fossé, ils tombaient sous les flèches et les projectiles des défenseurs sans avoir la moindre possibilité de se replier ou de se protéger à couvert. En effet, le tracé ellipsoïdal de l’enceinte, associé à l’inclinaison de l’escarpe, supprime tous les angles morts pour les défenseurs. Ce chef d’œuvre d’architecture militaire médiévale a contribué à rendre cette forteresse inexpugnable au cours des siècles.
L’âge d’or du Château Moncade
Le Château Moncade est la résidence favorite de Gaston III de Foix-Béarn, dit Fébus, en Béarn, au XIVe siècle. C’est le lieu où il prend ses décisions majeures, où il entrepose son trésor et où il reçoit ses invités de marque. Les remaniements entrepris par Fébus, loin de travestir le château, le magnifient. Ils consistent essentiellement à rehausser la tour, dont le statut évolue de tour beffroi à tour mixte résidentielle.
Le donjon s’élèvera alors à près de 40 mètres de haut.
Le chroniqueur Jean Froissart qui séjourne à la cour de Fébus à l’hiver 1388-89 a laissé de très nombreux témoignages sur Gaston Fébus et la cour d’Orthez. Il écrit notamment que Fébus pallie l’étroitesse de son château par le faste de sa cour qui serait la plus splendide d’Europe, plus brillante encore que celle du Roi de France ou du Duc de Berry. C’est évidemment très exagéré mais il est certain cependant que la cour d’Orthez est alors une des plus fastueuses d’Occident. Le tinel, la grande salle d’apparat du Château Moncade, est alors un haut-lieu de la culture occitane. Sous l’impulsion de Fébus, la cour d’Orthez rayonne. Bien plus qu’une simple résidence, le Château Moncade a été pour Fébus un instrument de pouvoir à la mesure de sa politique.
Un lent déclin
Après la mort de Fébus en 1391, Orthez reste capitale du Béarn jusqu’en 1464. Le château Moncade est progressivement délaissé au profit du château de Pau, jugé plus confortable. Il abrite alors une garnison.
Après la Révolution, le château est vendu. Un privé en fait l’acquisition. La transaction est fatale pour l’édifice. Il devient une carrière de pierres, ses vestiges sont démantelés. Des pierres du château sont, encore aujourd’hui, présentes dans plusieurs endroits en ville. Le donjon est épargné car il est calculé que la vente des pierres ne couvrira pas les frais de démolition ! Aujourd’hui, il manque environ 10 m au donjon, ce qui correspond à un étage.
La Municipalité, sous la mandature de Raymond Planté, rachète les derniers vestiges du site en 1845. C’est l’époque où l’on se prend de passion pour les vestiges historiques. Le site sera classé Monument historique l’année suivante en 1846.